La population de l’Inde est d’environ 1 milliard 400 millions. C’est à un million près le nombre d’habitants sur le continent africain. Dans le premier, selon les chiffres officiels, 340 000 personnes seraient décédées du Covid. L’Afrique recense, toujours selon des données qui peuvent être aussi sous-estimées, 131 441 morts au 2 juin. C’est presque
La population de l’Inde est d’environ 1 milliard 400 millions. C’est à un million près le nombre d’habitants sur le continent africain. Dans le premier, selon les chiffres officiels, 340 000 personnes seraient décédées du Covid. L’Afrique recense, toujours selon des données qui peuvent être aussi sous-estimées, 131 441 morts au 2 juin. C’est presque 3 fois moins.
Voici pour les chiffres qui, lorsqu’on parvient à les faire parler, peuvent titiller notre compassion, ce « sentiment qui porte à partager les souffrances d’autrui ». Or depuis plus d’un an que nous sommes quotidiennement renseignés à l’unité près sur le nombre de cas détectés, disparus, guéris, ces chiffres ont fini par perdre toute puissance émotionnelle, décorrelés de leur sujet, l’humain. L’image médiatique, omniprésente si on la guette, donne à voir une situation, à s’en émouvoir parfois. Toutefois, les premiers instants d’étonnement, d’indignation ou même d’effroi passés, on finit par ne plus voir la tragédie, par lassitude, déni, protection. Aussi ce sont les récits écrits qui réinstaurent l’humain, qui lui redonnent sa juste place et particulièrement lorsqu’ils sont livrés par des témoins.
Il existe une messagerie forum Fdm-adfe qui nous rapproche, adhérents du monde entier. Depuis un an cette communication a été évidemment marquée par la situation de chacun dans chaque pays, entre confinement, interdiction ou non de sortir du territoire, difficultés économiques, en somme des préoccupations conjoncturelles devenues quasi banales.
Aucune prose n’avait suscité en moi autant d’empathie que celle écrite par un monsieur français qui habite l’état du Gujarat. Avec beaucoup de pudeur et de tact envers ses lecteurs il effleure l’horreur vécue par la population indienne. Avec suffisamment d’éloquence, il évoque un acharnement du sort qui aurait pu être le nôtre. On se souvient des conseils appuyés, parfois des injonctions venues d’Europe à quitter la Côte d’Ivoire où selon les prévisions expertes, ça allait être un carnage. Les hôpitaux saturés, les pénuries d’oxygène, les cimetières sauvages, notre imagination ne nous en avait pas épargné.
La solidarité est-elle toujours un geste à l’égard d’un autre soi-même, celui qu’on a été ou qui aurait pu être sous des cieux moins favorables ? Sans doute.
Aujourd’hui, s’il est difficile d’agir face au monstre qui sévit en Inde, il est possible d’écrire son soutien. C’est peu mais je suis sûre que les mots en provenance d’Afrique ou d’ailleurs parviennent à Pascal du Gujarat comme une bouffée d’humanité.
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