Plume solidaire – L’autre et moi

Plume solidaire – L’autre et moi

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L’autre et moi.

Je m’interroge comme nous tous ou presque sur le bien-fondé du rester chez soi, à l’inverse du sortir comme au bon vieux temps ou encore sur le dosage de ces deux attitudes contraires. Aucun ordre relatif à cette question ne nous est donné en Côte d’ivoire et les simples recommandations nous laissent seuls face à notre conscience pour les plus privilégiés d’entre nous, face à la contrainte de subvenir aux besoins quotidiens pour les autres. La réflexion sur le comportement optimal est pour ceux-là superfétatoire.

Or, entre le confinement total ou le confinement partiel justifié par la nécessité de faire les courses – Rarement ? Parfois ? Souvent ? Comme avant ? – les incertitudes oscillent au gré de notre humeur souvent tributaire des nouvelles qui prolifèrent et distillent pessimisme catastrophiste ou optimisme ingénu.

Je reste chez moi par souci de cohérence, n’étant pas douée pour la demi-mesure. Je sais qu’une seule rencontre inopinée avec la bête insidieuse serait suffisante et si je ne peux l’exclure tout à fait, du moins je m’attache à réduire au mieux cette éventualité. Si je me trouvais dans un coin du monde où l’offre de soins était susceptible de me ressusciter dans le cas où mes fonctions vitales viendraient à se dégrader brutalement, j’aurais opté pour une plus grande souplesse. Peut-être. Mais je n’en suis pas certaine.

Se sentir ou non vulnérable est l’affaire de chacun et ne dépend pas seulement de critères objectifs  largement détaillés depuis plus d’un mois, diabète, obésité et autres comorbidités. L’appréciation des risques encourus varie d’un l’interlocuteur à un autre, y compris et surtout lorsque celui-ci appartient au corps médical, nous le mesurons chaque jour. Car ce corps n’est pas homogène mais composé  d’individus au vécu professionnel, pour ne citer que celui-ci, fort différent – quelles expériences communes entre l’anesthésiste francilien et le médecin généraliste ariégeois en ces temps de pandémie ? -. Chaque citoyen lambda est lui-même confronté à ses propres fantasmes et angoisses sur la vie, la santé, la mort. S’étouffer progressivement sans l’espoir d’une accalmie qui permettrait de reprendre son souffle est selon moi la pire manière de tirer sa révérence. Ceci m’appartient. J’en ai eu quelque aperçu – et non un avant-goût, je l’espère!- dans mes cauchemars les plus mémorables, cauchemars dont je m’extirpe à chaque fois avec moult efforts, guidée par un instinct de survie salvateur.

Bien évidemment je ne conteste pas les règles élémentaires de protection de soi-même et des autres censées être à la portée de chacun pour peu qu’il soit physiquement autonome et qu’il dispose d’un peu de savon. Mais veillons à ne pas imposer notre propre modus operandi spécial coronavirus à l’autre qui est par définition le moi qui n’est pas moi, comme dirait l’autre. 

R. Zentar

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