Deuxième semaine de novembre, les transports urbains d’Abidjan ont été très perturbés par la grève des « taxis-compteurs », les fameux taxis orange qui maraudent toute la journée à la recherche du client. Les automobilistes ne les portent pas dans leur cœur tant leur conduite est erratique et souvent basée sur le rapport de force
Deuxième semaine de novembre, les transports urbains d’Abidjan ont été très perturbés par la grève des « taxis-compteurs », les fameux taxis orange qui maraudent toute la journée à la recherche du client. Les automobilistes ne les portent pas dans leur cœur tant leur conduite est erratique et souvent basée sur le rapport de force et le la volonté farouche d’avancer à tout prix au risque d’aggraver les embouteillages abidjanais. Qui n’a pas déjà pesté sur un taxi orange engagé dans un carrefour alors que son feu passe au rouge, bloquant la circulation croisée. Ils se sont mis en grève parce que depuis 2018 les applications Uber et surtout Yango proposent des services de transport payant en dehors de la réglementation de la loi sur les transports de 2015. Ils ne paient pas de patente ni de taxes, introduisant ainsi une concurrence déloyale. Quand vous prenez un taxi orange, il faut savoir que le chauffeur, s’il n’est pas propriétaire (c’est la majorité des cas) doit verser tous les jours une « recette » entre 17 000 Fcfa et 24 000 Fcfa au propriétaire quelles que soient ses rentrées journalières. Il doit payer en plus l’essence. C’est alors la course au client, pas de pauses, des horaires journaliers de 12 voire 16 heures, la rotation des chauffeurs entre le volant et le coffre où certains dorment. En face les VTC arguent de la modernisation du secteur, confort, sécurité et fiabilité, pour justifier leur fric frac. L’argument classique du néo libéralisme prédateur. Le patronat des transports est sensible à ces derniers arguments, le ministère des transports est gêné aux entournures, il n’a pas engagé de discussions sérieuses avec les acteurs depuis 2018. Les discussions ont débuté, la grève est suspendue, affaire à suivre. Alors, quand vous aurez envie en rentrant chez vous le soir au volant de votre 4X4 climatisé, de maudire un chauffeur de taxi orange têtu et vindicatif, dites-vous que ce forçat de la route n’a pas peut être pas encore gagné sa journée, qu’il a encore 5 heures de travail devant lui et qu’il dormira probablement dans le coffre du véhicule que vous aimeriez emboutir à coups de lattes.
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